Téjat
Le Congrès
Christian Vankoekelbergh
Illustration Sairaphina Kro
Je passe devant une échoppe et peux enfin apercevoir des objets que je connais, des amulettes et des talismans. Je me glisse dans celle ci et je commence à regarder chacun d’entre eux, pour voir s’il y en a un qui peut m’intéresser. Je ne me rends pas compte de la présence à mes côtés d’une jeune femme et sans le vouloir, la bouscule. C’est hélas ma chemise qui pâtit de cette maladresse en se faisant arroser d’un vin rouge des plus capiteux. La jeune femme, en se mettant la main sur la bouche avec une expression contrariée, me confirme son état en me disant :
Elsa : « Oh, je suis absolument désolée ! »
Je l’absous de toute culpabilité en lui lançant :
Téjat : « Non, je vous en prie, c’est moi qui m’excuse de ma distraction, en plus, j’ai cassé votre verre. »
Elsa : « Mais ne vous inquiétez pas pour ça, ce sera vite arrangé ! »
J’ai à peine le temps de comprendre sa phrase qu’elle s’abaisse pour rassembler les morceaux. Une fois chose faite, je la vois former un anneau autour des morceaux avec ses mains et les ramener ensuite au dessus de ces mêmes morceaux comme pour former un dôme. Après quelques secondes, elle enlève ses mains et, bien que je m’y attendais, je ne peux m’empêcher de lâcher un sifflement de surprise en voyant le verre intact, sans aucune ébréchure. Elle me dit alors :
Elsa : « Le verre était facile à réparer, mais hélas je ne connais aucune invocation pour effacer ces vilaines taches sur votre chemise. Venez avec moi, je vais essayer de remédier à ça, mais avec une méthode plus traditionnelle ! »
Sans me laisser le temps de lui donner mon avis sur cette proposition, elle m’attrape par le bras et m’entraîne avec elle vers les escaliers.
Ce n’est qu’arrivé à l’étage, sur le balcon surplombant la salle de toute sa longueur, que je me rends compte de son énorme superficie. Mais la demoiselle ne me laisse pas le temps de m’émerveiller sur ce gigantisme qu’elle me tire déjà vers le couloir parsemé de portes, ignorant le groupe de gens se baladant paisiblement et les deux gamins courant dans tous les sens après un petit ballon qui semble étrangement être animé d’une vie propre ! Arrivés devant une porte qui, je suppose n’est autre que sa chambre d’hôte, elle me lance d’un air mutin :
Elsa : « Alors, vous restez planté là ou vous venez ? »
Ne réfléchissant pas à deux fois, je la suis. C’est effectivement une chambre, éclairée par une cheminée à feu ouvert disséminant sa chaleur et sa douce odeur de bois brûlé dans les moindres recoins de la pièce.
Elle est éclairée par une multitude de bougies disposées de manière à former différentes formes dont je ne connais pas la signification. Le mobilier, sobre et modeste, se compose d’une commode, d’une garde-robe, d’un lit de deux personnes, d’une table et quatre chaises en plein milieu, le tout dans un style rappelant le gothique. Après quelques secondes de repérage des lieux, la demoiselle s’approche et commence à déboutonner ma chemise :
Elsa : « Je vais la rincer dans la bassine et essayer de faire disparaître ces vilaines taches. »
Je ne me sens pas vraiment à mon aise, je n’ai pas l’habitude que des inconnues me déshabillent sans vergogne, surtout des femmes comme celle-ci, plutôt mignonne, brune aux longs cheveux, vêtue d’une robe rouge moulant ses formes des plus attirantes ! Je ne peux m’empêcher, malgré mes réticences, d’apprécier son contact.
Une fois ma chemise enlevée, elle se dirige vers la commode où sont disposées une bassine et une cruche en métal. Après avoir mis ma chemise dans la bassine, elle se dirige avec la cruche vers le chaudron rempli d’eau chaude reposant au dessus du feu ; je ne peux me retenir de la regarder, son charme est trop puissant !
Ma chemise lavée et rincée, elle la fait sécher sur le dossier d’une des chaises, placée non loin de l’âtre. C’est alors qu’elle se dirige vers le lit, et faisant mine de s’y asseoir, me demande avec un sourire provocateur :
Elsa : « Et en attendant que ta chemise sèche, que fait-on ? »
Complètement décontenancé, je ne sais plus que lui dire, je suis seul dans une chambre avec cette femme magnifique, dénudé, elle me regarde de haut en bas, avec des yeux me rappelant quelqu’un qui n’a pas mangé depuis longtemps et qui va me sauter dessus pour me dévorer, à tel point que je me demande si elle n’a pas trouvé une incantation pouvant rendre mon jeans et mon caleçon invisibles !
Si il y avait un trou de souris dans cette chambre, je me glisserais, bien que ma taille eût posé problème ! Elle se lève et s’approche de moi avec une démarche ondulante, dépose sa main délicate sur mon torse imberbe, et la descend le long de mon corps en me susurrant :
Elsa : « Je ne connais pas encore ton nom mais je sens qu’avec toi, je vais passer un moment très agréable… »
Je me rends bien compte que cette femme est une calculatrice, qui attire les hommes dans ses filets mais je ne peux m’empêcher de ressentir une forte envie d’elle. Elle continue à minauder, tout en me serrant contre elle, et, rapprochant sa tête de la mienne, me murmure :
Elsa : « Mon nom à moi, c’est Elsa, mais tu peux m’appeler comme tu le désires. »
Je ne peux m’empêcher de penser « Faudra que je lui trouve un nom original alors ! ». Mais j’oublie bien vite mes idées, troublé par le baiser qu’elle m’impose presque, tenant l’arrière de ma tête de sorte que je ne puisse éviter la douceur de ses lèvres. Il faut avouer que je ne suis pas spécialement réticent à ses avances !