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mercredi 13 mars 2013

Côté Lecture : Téjat, le congrès


Téjat
Le Congrès

Christian Vankoekelbergh

Illustration Sairaphina Kro

Je passe devant une échoppe et peux enfin apercevoir des objets que je connais, des amulettes et des talismans.  Je me glisse dans celle ci et je commence à regarder chacun d’entre eux, pour voir s’il y en a un qui peut m’intéresser. Je ne me rends pas compte de la présence à mes côtés d’une jeune femme et sans le vouloir, la bouscule. C’est hélas ma chemise qui pâtit de cette maladresse en se faisant arroser d’un vin rouge des plus capiteux. La jeune femme, en se mettant la main sur la bouche avec une expression contrariée, me confirme son état en me disant :

Elsa : « Oh, je suis absolument désolée ! »

Je l’absous de toute culpabilité en lui lançant :

Téjat : « Non, je vous en prie, c’est moi qui m’excuse de ma distraction, en plus, j’ai cassé votre verre. »

Elsa : « Mais ne vous inquiétez pas pour ça, ce sera vite arrangé ! »

J’ai à peine le temps de comprendre sa phrase qu’elle s’abaisse pour rassembler les morceaux. Une fois chose faite, je la vois former un anneau autour des morceaux avec ses mains et les ramener ensuite au dessus de ces mêmes morceaux comme pour former un dôme. Après quelques secondes, elle enlève ses mains et, bien que je m’y attendais, je ne peux m’empêcher de lâcher un sifflement de surprise en voyant le verre intact, sans aucune ébréchure. Elle me dit alors :

Elsa : « Le verre était facile à réparer, mais hélas je ne connais aucune invocation pour effacer ces vilaines taches sur votre chemise. Venez avec moi, je vais essayer de remédier à ça, mais avec une méthode plus traditionnelle ! »

Sans me laisser le temps de lui donner mon avis sur cette proposition, elle m’attrape par le bras et m’entraîne avec elle vers les escaliers.

Ce n’est qu’arrivé à l’étage, sur le balcon surplombant la salle de toute sa longueur, que je me rends compte de son énorme superficie. Mais la demoiselle ne me laisse pas le temps de m’émerveiller sur ce gigantisme qu’elle me tire déjà vers le couloir parsemé de portes, ignorant le groupe de gens se baladant paisiblement et les deux gamins courant dans tous les sens après un petit ballon qui semble étrangement être animé d’une vie propre ! Arrivés devant une porte qui, je suppose n’est autre que sa chambre d’hôte, elle me lance d’un air mutin :

Elsa : « Alors, vous restez planté là ou vous venez ? »

Ne réfléchissant pas à deux fois, je la suis. C’est effectivement une chambre, éclairée par une cheminée à feu ouvert disséminant sa chaleur et sa douce odeur de bois brûlé dans les moindres recoins de la pièce.

Elle est éclairée par une multitude de bougies disposées de manière à former différentes formes dont je ne connais pas la signification. Le mobilier, sobre et modeste, se compose d’une commode, d’une garde-robe, d’un lit de deux personnes, d’une table et quatre chaises en plein milieu, le tout dans un style rappelant le gothique. Après quelques secondes de repérage des lieux, la demoiselle s’approche et commence à déboutonner ma chemise :

Elsa : « Je vais la rincer dans la bassine et essayer de faire disparaître ces vilaines taches. »

Je ne me sens pas vraiment à mon aise, je n’ai pas l’habitude que des inconnues me déshabillent sans vergogne, surtout des femmes comme celle-ci, plutôt mignonne, brune aux longs cheveux, vêtue d’une robe rouge moulant ses formes des plus attirantes ! Je ne peux m’empêcher, malgré mes réticences, d’apprécier son contact.

Une fois ma chemise enlevée, elle se dirige vers la commode où sont disposées une bassine et une cruche en métal. Après avoir mis ma chemise dans la bassine, elle se dirige avec la cruche vers le chaudron rempli d’eau chaude reposant au dessus du feu ; je ne peux me retenir de la regarder, son charme est trop puissant !

Ma chemise lavée et rincée, elle la fait sécher sur le dossier d’une des chaises, placée non loin de l’âtre. C’est alors qu’elle se dirige vers le lit, et faisant mine de s’y asseoir, me demande avec un sourire provocateur :

Elsa : « Et en attendant que ta chemise sèche, que fait-on ? »

Complètement décontenancé, je ne sais plus que lui dire, je suis seul dans une chambre avec cette femme magnifique, dénudé, elle me regarde de haut en bas, avec des yeux me rappelant quelqu’un qui n’a pas mangé depuis longtemps et qui va me sauter dessus pour me dévorer, à tel point que je me demande si elle n’a pas trouvé une incantation pouvant rendre mon jeans et mon caleçon invisibles !

Si il y avait un trou de souris dans cette chambre, je me glisserais, bien que ma taille eût posé problème ! Elle se lève et s’approche de moi avec une démarche ondulante, dépose sa main délicate sur mon torse imberbe, et la descend le long de mon corps en me susurrant :

Elsa : « Je ne connais pas encore ton nom mais je sens qu’avec toi, je vais passer un moment très agréable… »

Je me rends bien compte que cette femme est une calculatrice, qui attire les hommes dans ses filets mais je ne peux m’empêcher de ressentir une forte envie d’elle. Elle continue à minauder, tout en me serrant contre elle, et, rapprochant sa tête de la mienne, me murmure :

Elsa : « Mon nom à moi, c’est Elsa, mais tu peux m’appeler comme tu le désires. »

Je ne peux m’empêcher de penser « Faudra que je lui trouve un nom original alors ! ». Mais j’oublie bien vite mes idées, troublé par le baiser qu’elle m’impose presque, tenant l’arrière de ma tête de sorte que je ne puisse éviter la douceur de ses lèvres. Il faut avouer que je ne suis pas spécialement réticent à ses avances !

mercredi 13 février 2013


Christian Vankoekelbergh

Ecriture

Téjat 
Le Congrès
Chapitre 2 (1/2)

Illustration Sairaphina-Kro



Je continue donc mes petites investigations, observant chaque échoppe attentivement. Il y a vraiment toutes sortes de produits, et de toutes origines, je ne sais même pas à quoi sert le quart du tiers de ces articles.

De partout j’entends les voix des commerçants monter, ils accostent chaque personne passant devant leur échoppe pour leur demander si ils ont besoin de quelque chose, je me sens un peu agressé, je préférerais qu’on me laisse regarder tout ça en paix.

En tout cas, au vu de leurs tenues, on ne peut pas nier qu’ils viennent d’un peu partout dans le monde.

Soudain, je sens mon genou cogner quelque chose. Je n’ai pas le temps de baisser la tête pour voir ce qui se passe que j’entends une voix un peu énervée :

Le nain : « Dites donc l’échalas, c’est trop compliqué de faire un peu attention ? »

C’est un nain ! Tout petit, avec une barbe pendant jusqu’à son cœur, il est vêtu tout de rouge, un rouge proche de celui de ses joues colorées par la colère, et porte un bonnet à pompon. Très embêté, je me confonds en excuses, lui expliquant que je ne l’ai pas vu. Il me répond avec un mélange de colère et de résignation :

Le nain : « Mouai, c’est quand même bizarre qu’on me sorte à chaque fois cette bête excuse ! »

Je peux bien sûr comprendre son anxiété, être si petit et si peu vu ne dois pas être chose facile. Je le regarde s’éloigner, toujours dans mes pensées, lorsque je tombe sur un commerçant de baguettes magiques et de boules de cristal.

Quelle n’est pas ma surprise, moi qui étais persuadé que ce n’était que des inventions destinées aux livres et aux films, me voilà devant la preuve de l’existence de ces accessoires.

Le commerçant, un vieillard aux yeux cyniques et aux cheveux hirsutes, m’accoste tout de suite, me demandant avec un fort accent anglais si j’ai besoin d’aide ou de renseignements sur les différents articles en vente dans son échoppe.

Tout en me fixant, il se frotte les mains l’une contre l’autre, comme si il était sûr de faire une affaire. Pas de chance pour lui, car même si je me décidais à acheter un de ses articles, je ne vois même pas comment je devrais m’en servir ! Je lui réponds poliment :

Téjat : « Merci mais je ne fais que regarder. »

Le commerçant : « Si monsieur change d’avis, je suis là, et j’y reste ! »

Dans la foule, je repère Caprice et Norbert et leur fais signe. Ils s’approchent de moi et me demandent si j’ai repéré quelque chose d’intéressant.

A ce moment, Caprice remarque l’échoppe où je me suis arrêté et, voyant les baguettes, me dit d’un air solennel :

Caprice : « Je vois que tu as trouvé ta voie, tu sais, tout bon sorcier a une baguette, un jour tu devras t’en procurer une aussi. »

Entendant cela, je demande au commerçant le prix des différentes baguettes.

Le commerçant : « Les baguettes sculptées dans le bois de peuplier sont à vingt euros, et celles en ébène, sont à deux cents euros mais, pour l’occasion, je peux vous faire un prix d’ami… »

Je le remercie pour ses indications et, malgré sa tête déçue d’avoir raté une vente, prends congé de lui. Je profite de la présence de mes compagnons pour leurs demander la différence entre le bois de peuplier et le bois d’ébène. C’est Caprice qui me répond :

Caprice : « Chacun de ces bois apporte une particularité à ta baguette, le bois d’ébène étant plus dur et plus imprégnant, il permet de faciliter l’ensorcellement. De son côté, le bois de peuplier est moins pratique et donne des effets beaucoup moins puissants.»

Un peu plus loin, un commerçant clame, à qui veut bien l’entendre les vertus de ses potions ; il faut l’écouter crier à tue-tête :

Crieur : « Venez voir mes potions magiques, j’ai de tout, vous êtes éperdument amoureux de cette fille qui ne pose même pas le regard sur vous, essayez mes philtres d’amour, ils sont infaillibles. Faites boire un de mes philtres de vérité et vous saurez tout sur ce que pense la personne visée. Des philtres de sommeil pour les insomniaques ? Pas besoin de chercher ailleurs, vous avez tout ce dont vous… »

Arrivé au bout de l’allée, je me sens éreinté, j’ai l’impression d’avoir parcouru de nombreux kilomètres, mais, bien que cette salle soit énorme, ce n’est sûrement pas le cas.

Nous nous dirigeons maintenant vers la galerie de démonstration, je vais enfin pouvoir voir des praticiens à l’œuvre. Et quel spectacle, j’en vois invoquant dieux et déesses sans peur dans la voix, d’autres transformer des humains en animaux, d’autres encore se rendre transparent comme un fantôme et passer à travers tout.

A peine je me remets d’une démonstration qu’une nouvelle me plonge dans un émerveillement intense. En voilà un qui change de visage avec un des badauds, et un autre qui se divise devant mes yeux en deux êtres identiques.

Je me rends compte soudain que dans ma concentration, j’ai perdu de vue Caprice et Norbert. Ce n’est rien, après tout nous ne devons nous retrouver à la buvette que dans une heure. Je décide donc de continuer mon tour. L’espace d’une seconde, il me semble entendre des bruits de sabots mais j’ai beau chercher, je ne vois aucun cheval.

Oubliant ce détail, je continue ma visite sensationnelle ; je suis très impressionné par tous ces pouvoirs, et tellement désemparé, en effet, je suis bien loin d’en posséder suffisamment que pour arriver à de tels résultats, il doit falloir de nombreuses années de pratique pour en arriver là. Il y a ici tellement de choses intéressantes et impressionnantes !

Alors que je me lance dans la troisième allée, un homme m’accoste et me demande :

L’homme : « Bonjour monsieur, comment allez-vous ? Etes-vous satisfait de votre situation ? Ne voulez-vous pas qu’elle s’arrange ? Nous pouvons peut-être voir ensemble ce que nous pourrions faire ? »

En entendant son discours, je comprends directement que c’est un de ces syndicalistes dont m’a parlé Caprice dans la voiture. Je lui réponds catégoriquement que ça ne m’intéresse nullement et m’éloigne.

J’arrive devant une drôle de foule, ce sont plutôt de petits groupes qui ensemble forment une assemblée de personnes, chaque groupe écoutant religieusement un orateur dressé sur un podium. Tout en marchant, j’écoute ce que ces personnes leur disent :

« … et il s’approcha de l’homme et lui dit lève-toi et marche. L’homme malade, à l’aide de sa béquille se leva et jeta sa branche de bois qui lui servait de soutien par terre… »

« …car le prophète Mohammed est le seul à entendre et à nous faire partager la volonté d’Allah… »

« … et il vous jugera comme vous avez jugé les autres, et de là s’abattra sa colère qui descendra du ciel, comme des vagues de flammes… »

Tous ces discours me paraissent déplacés ici, apparemment je me trouve devant les représentants de chaque ordre religieux mais je ne comprends pas leur rapport avec le monde de la magie. Il faudra que je me renseigne auprès de mes amis pour en savoir plus.


mercredi 16 janvier 2013

Côté Lecture : Téjat - Le Congrès


Christian Vankoekelbergh

Ecriture

Téjat 
Le Congrès
Chapitre 2 (1/2)

Illustration Sairaphina-Kro


Nous atterrissons tous les quatre dans un long couloir faisant visiblement office de hall d’entrée ; sur notre droite se trouve un vestiaire et juste en face, une entrée menant à une salle.

Les murs du hall sont rouges, parsemés de dorures représentant les différents signes astrologiques et éclairées par des bougies disposées dans des appliques murales et sur des chandeliers.

On ne peut douter que le congrès se passe dans la salle faisant face au vestiaire, il suffit d’entendre les bribes de conversations nombreuses et diverses en émanant.

Nous nous dirigeons vers le vestiaire. Je me retourne quand même pour voir par où nous sommes passés mais, à mon grand étonnement, il n’y a plus qu’un mur. Janvier, ne comprenant pas ma perplexité, se retourne aussi et, ayant saisi la raison de mon étonnement, sourit de toutes ses dents et se penche vers moi en disant :

Janvier : « N’aie pas d’inquiétude, la porte de sortie se trouve toujours là, et si tu veux l’activer, il te suffit de l’appeler. »

Téjat : « Et comment dois-je l’appeler ? »

Janvier : « Tu as sans doute remarqué de quelle manière, arrivé dans le sanctuaire, Norbert a frappé trois fois sur le sol. Il te suffit d’utiliser le même procédé et tu sortiras d’ici.

Une fois à hauteur du vestiaire, nous enlevons nos vestes et les donnons à la personne se tenant derrière le comptoir. Il les prend et se retourne pour les mettre sur cintre et là, je reste perplexe ; au bas de son dos pend une touffe de poils longs ressemblant étrangement à la queue d’un animal, qui se balance de gauche à droite.

Mes compagnons se dirigent vers la salle des événements, comme si ils ne remarquaient rien, mais je n’arrive pas à détacher mon regard de cette bizarrerie. L’homme, voyant ma curiosité mal placée, se tourne vers moi et me lance un grand sourire. Caprice, voyant ma réaction, se dirige vers moi et me lance :

Caprice : « Voyons Téjat, cela te plairait-il qu’on te regarde comme une bête curieuse ? Ne t’avons-nous pas prévenu en chemin que tu risquais de voir des choses peu ordinaires ? Imagine, si tu fais cette tête rien qu’au vestiaire, qu’est ce que ce sera une fois au milieu de la foule ? »

Il n’a pas tort, j’en suis conscient, il faut que je me maîtrise un peu ! Je prends mon courage à deux mains et me dirige vers la salle principale, me préparant psychologiquement aux différentes créatures que je vais découvrir.

Arrivé là, quel n’est pas, malgré cette mise en condition, mon étonnement ! Cette salle est gigantesque, il y a du monde qui grouille de partout, on en voit à peine le fond. Alors qu’il faisait nuit dehors, la lumière naturelle du soleil vient en caresser chaque élément, dégageant une douce chaleur comme on n’en trouve que les matins d’été. Suis-je toujours sur terre ou a-t-on traversé un passage menant vers une autre dimension ?

Heureusement que j’ai déposé ma veste à l’entrée, elle m’aurait bien trop gêné, avec la chaleur qu’on ressent dans cette salle!

Continuant mon chemin, je remarque que les murs montent très haut et sont faits de grosses pierres. En haut de ces murs, un balcon longe le pourtour de la salle, comme un premier étage ouvert. Nombre de personnes se baladent dessus.

Nous commençons notre petit tour de salle, passant à côté de bon nombre d’échoppes exposant des produits variés.

Chaque échoppe est séparée des autres par des parois en pierre. En voici une où l’on vend des herbes, une autre où l’on trouve différentes bougies, poudres ou concoctions ; chacun brade des produits uniques et en voyant la longueur de l’allée et la quantité de produits utilisés, je comprends enfin pourquoi Norbert et Caprice doivent si souvent commander des articles, il y en a tellement, ce ne serait pas possible de posséder ne fusse qu’un exemplaire de chaque sorte.

Norbert, voyant un produit l’intéressant, se tourne vers Caprice d’un air larmoyant et le supplie presque :

Norbert : « Ho, Caprice, regarde, de la poudre de roche, depuis le temps que j’en cherche, elle est très difficile à trouver. »

Suite à un hochement de tête positif de Caprice, Norbert fonce vers l’échoppe en question, son portefeuille déjà en main ! Pendant ce temps, j’observe sagement le monde en effervescence autour de moi.

Je remarque au milieu de la salle, une buvette, entourée de petites tables autour desquelles des personnes ainsi que des créatures diverses sont assises et papotent tout en sirotant de drôles de breuvages.

Un groupe, habillé comme au temps de la révolution française, est en train de trinquer pas loin de moi ; les hommes sont en uniforme, les femmes en robes à dentelles, les cheveux tressés sur la tête et le visage maquillé de blanc. Elles portent également des gants et s’aèrent à l’aide d’un éventail. Une femme les rejoint et les salue à la manière de l’époque. A force de les observer, je commence à attraper des sueurs froides, peut-être est-ce-moi mais j’ai l’impression qu’il y a quelque chose de diabolique dans leur regard et dans leur sourire, ca me met presque mal à l’aise.

Je me remémore la leçon que m’a faite Caprice sur le fait de dévisager les gens et détourne le regard, et la, quel n’est pas de nouveau mon étonnement, un homme se promène en fumant le cigare, normal jusque là, mais de son cigare sortent des formes telles qu’un arbre feuillu, une voiture ou un chien !

Caprice arrive derrière moi et, me voyant toujours aussi abasourdi, m’explique :

Caprice : « C’est sans doute impressionnant comme ça mais quand tu connais le truc… »

Il aime éveiller la curiosité en moi ! Je ne peux m’empêcher de lui demander de quelle manière cet homme crée ces formes.

Caprice : « Rien de plus simple, le cigare contient un charme qui donne à sa fumée, une fois sortie, la forme de ce à quoi tu penses sur le moment. C’est Jérôme, un commerçant situé de l’autre côté de la salle qui les vend. »

Janvier et un Norbert à l’air satisfait nous rejoignent. Voyant mon envie irrépressible de découverte, ils me proposent de me laisser flâner tranquillement pendant qu’ils font leurs emplettes. Nous fixons donc un rendez-vous deux heures plus tard, à cette même buvette que j’observais attentivement cinq minutes plus tôt.

Cette idée m’arrange, cela me permettra de repérer sans trop de hâte les différents rayons et praticiens susceptibles de m’intéresser. Je regarde ma montre, 10 heure du soir, il faut savoir l’intégrer, vu la lumière baignée de soleil tout autour de nous !

mercredi 12 décembre 2012

Côté Lecture : Téjat - Le Congrès 1

Christian Vankoekelbergh

Ecriture

Téjat
Le Congrès
Chapitre 1 (Partie2/2)


Illustration Sairaphina Kro



Norbert trouve enfin une place pour sa voiture. Une fois sorti, j’observe encore autour de nous pour voir si un détail ne m’a pas échappé mais je ne vois toujours rien qui puisse m’éclairer. Norbert, intrigué par mon air perplexe me demande :

Norbert : « Quelque chose ne va pas Téjat ? »

Je ne sais pas trop bien comment réagir, dois-je lui répondre et passer pour un bleu ou garder les questions pour moi et attendre la surprise ? Il ne m’a pas fallu longtemps pour me décider, je préfère attendre sans savoir, sinon, c’est comme si je regardais pour la première fois un film en connaissant déjà la fin ! Je lui réponds donc :

Téjat : « Non, ça va, je regarde juste le paysage. On y va ? »

Caprice, les sourcils soulevés avec un air amusé me dit :

Caprice : « Tu as l’air pressé d’y arriver maintenant, c’est bien ! »

Nous prenons donc le pas et nous nous dirigeons tous trois vers l’escalier. C’est vraiment étrange, à part les voitures dans le champ, les arbres qui les entourent et cet escalier qu’un drôle de promoteur a décidé de mettre en démonstration, je ne perçois aucun signe d’activité.

Soudain, je vos comme une ombre apparaître dans la pénombre ; une fois proche, je me rends compte que c’est un homme, noir, avec de longs cheveux tressés en plusieurs mèches et portant un bouc. Il est vêtu d’une longue toge brune et porte des sandales. En nous voyant, l’homme se dirige vers nous et, en souriant, s’exclame :

Janvier : « Mais qui voilà, Norbert et Caprice, comment allez-vous ? »

Visiblement, ils se connaissent déjà, je dirais même qu’ils s’apprécient car lorsque Caprice et Norbert ont reconnu l’homme, ils se sont avancés d’un pas rapide et l’ont pris dans leurs bras pour se saluer. L’homme se retourne maintenant vers moi et me lance :

Janvier : « Et là, qui avons-nous, je ne pense pas te connaître… »

Je lui réponds intrigué :

Téjat : « Non, nous ne nous connaissons pas, je m’appelle Téjat, et vous ? »

Il poursuit :

Janvier : « Je m’appelle Janvier. Téjat, si je ne me trompe pas, c’est le nom d’une planète dont le nom signifie la possibilité d’un aboutissement lorsque l’on persévère dans ce que l’on désire ? »

Surpris par son savoir, je lui réponds :

Téjat : « Oui, c’est exactement ça. »

Janvier : « Je trouve ça très bien, tu es de ceux qui prennent leur temps lorsqu’ils touchent à la magie, pas comme les praticiens de la magie noire, qui veulent tout directement sans même penser aux conséquences ?

Et quel est ton vrai nom ? »

Je me demande pendant quelques secondes si je dois lui dire, si j’ai pris le surnom Téjat, c’est pour me protéger et surtout protéger ma vie privée, même Caprice et Norbert ne connaissent pas mon vrai nom. Moi qui pensais que tous les pratiquants de magie portaient un surnom ! Je me retourne vers mes compagnons, cherchant dans leur regard à savoir si je peux faire confiance à ce nouveau venu et reviens sur celui de Janvier. Finalement, décidant que sa tête m’inspire confiance, je lui confie :

Téjat : « Mon nom est Kévin. »

Norbert me tape l’épaule d’un air apitoyé autant qu’amusé et me lance :

Norbert : « Et bien Kévin, je préfère franchement mieux Téjat, alors on va continuer avec ce surnom si ça ne te dérange pas trop ! »

Dans un sens, Norbert réussit à alléger l’ambiance étrange qui règne. L’homme reprend la conversation :

Janvier : « Mon nom est Paul mais, ici, tout le monde m’appelle Janvier. »

Je le regarde d’un air intrigué, attendant la suite de sa présentation…

Janvier : « Janvier était un évêque. Il a été décapité pour sorcellerie et son corps repose dans une église à Naples. Lorsque j’ai visité cette église, j’ai vu son sang enfermé dans une fiole à côté de son cercueil. Ce sang a commencé à se liquéfier et à bouillonner devant mes yeux. Le prêtre qui m’accompagnait n’en revenait pas, il m’a expliqué que ce phénomène ne se produisait qu’une fois en septembre, alors que nous étions en mars, et que le sang ne faisait que se liquéfier, il n’a jamais bouillonné ! J’avais l’impression que l’esprit de cet évêque désirait revenir dans ce monde, j’ai alors décidé de prendre son nom pour le faire revenir à travers moi. »

Je suis resté bouche bée devant les propos de Janvier, au même moment, Norbert nous a proposé de continuer notre chemin vers ces drôles d’escaliers témoins.

Il est pourvu d’un angle droit entre deux volées de marches et est éclairé par trois projecteurs.

Caprice, scrutant l’horizon au loin, fait remarquer :

Caprice : « La brume commence à se lever, nous allons avoir une nuit glaciale ! »

On peut effectivement distinguer comme un léger brouillard se dégageant du sol, je suis bien content de m’être habillé chaudement !

Nous arrivons en bas de l’escalier, il est juste assez large pour passer à deux de front. Janvier, arrivé avant nous à cet étrange édifice ne menant à rien nous invite à monter :

Janvier : « Après vous mes amis. »

Norbert et Caprice, d’un pas assuré prennent les devants. Janvier et moi les suivons de près. Soudain, Janvier se met à rigoler tout seul. Voyant que je me retourne vers lui l’air intrigué, il me dit :

Janvier : « Sais-tu au moins où l’on va ? »

Téjat : « Non, c’est la première fois que je me rends à ce genre de congrès. »

Janvier : « Ah, la première fois, je m’en rappelle comme si c’était hier. Maintenant, après autant de temps, je me suis habitué mais on n’oublie jamais la découverte de ce lieu. Crois-moi, c’est la première fois qui est le plus impressionnant ! »

Arrivés en haut des marches de l’escalier, nous nous retrouvons sur un petit plancher d’environ deux mètres carrés.

De cet endroit, on voit les silhouettes des arbres des forêts environnantes se dessiner sur la clarté de la lune.

Pas un son ne vient irriter nos oreilles. C’est comme si nous étions seuls dans cet endroit.

Personnellement, je ne comprends toujours pas ce que nous faisons, perchés sur cet escalier sans destination !

Et là, sans explication, voilà que Norbert frappe trois fois le sol avec le talon de sa chaussure ; je me remémore un quart de seconde une petite fille prénommée Dorothy claquant trois fois des talons pour retourner chez elle !

Le vent commence à se lever dans l’horizon, se rapproche des escaliers et se met à tourner autour, de plus en plus vite jusqu’à former une sorte de tourbillon au bout de notre passerelle, tourbillon qui, une fois dissipé, laisse place à une double porte, blanche et imposante, parsemée de rectangles gravés sur leur surface, sans clenche et sans serrure, et semblant nous mener autre part.

Nous nous dirigeons tous les quatre vers la porte, Janvier ne cesse de me regarder en me lançant des sourires d'encouragement et de sympathie.

Au fur et à mesure que nous avançons vers elles, les portes blanches s’ouvrent, laissant apparaître une lueur claire et aveuglante, ne laissant rien distinguer au travers.

Norbert et Caprice, sans hésitation, s’avancent et traversent cette lumière. Me rapprochant, je la fixe pour essayer de voir ce qui se trouve derrière mais la luminosité est si forte qu’elle m’aveugle quelques secondes.

Janvier, me voyant un peu stressé à l’idée de me diriger vers l’inconnu me rassure :

Janvier : « Ne t’inquiète pas, tout se passera sans anicroche. »

Etrange, cette impression de « déjà entendu » ! Il faut dire que Caprice n’a pas arrêté de me répéter la même chose dans la voiture ! Janvier me prend par le bras et m’entraîne, tout en m’encourageant :

Janvier : « Viens, allons-y. »

Il avance alors vers la fin de la passerelle, je le suis, et nous tenant le bras, nous entrons tous les deux en même temps dans la lumière.

Quelle drôle de sensation de flottement !!!

dimanche 11 novembre 2012

Côté Lecture : Téjat - Le Congrès 2


Christian Vankoekelbergh

Ecriture

Téjat
Le Congrès
Chapitre 1 (Partie1/2)


Illustration Sairaphina Kro




Mon nom de sorcier est Téjat.

Cela fait quelques années maintenant que je m’intéresse à la magie blanche et cette pratique m’a déjà amené à de brillants résultats.

La magie doit être réfléchie, il faut savoir déterminer les infimes différences entre la blanche et la noire.

Je vous explique :

Imaginons que je décide d’aider quelqu’un à obtenir un résultat quelconque, si je pousse simplement un peu le destin pour que cette personne obtienne par elle-même ce qu’elle désire, c’est de la magie blanche ; mais hors de question de lui apporter le produit de ce désir directement dans les mains, car pour arriver à ce résultat, j’aurai forcément dû faire appel à la magie noire.

La magie blanche doit toujours être utilisée dans le but d’aider quelqu’un et c’est ma destinée.



Me voici donc par une belle soirée d’automne sur le siège arrière de la voiture de Caprice et Norbert, les deux frères qui tiennent le magasin de sorcellerie de la ville. Nous sommes dans une petite auto passe-partout facilement âgée de dix ans et nous nous dirigeons tous trois vers l’autoroute. On entend parfois quelques râles émanant de son moteur lorsqu’elle gravit les montées et elle grince de temps en temps lors des changements de vitesse mais elle est encore tout à fait confortable.

Les deux frères m’ont gentiment invité à les accompagner à un congrès de sorcellerie.

Plusieurs sentiments se mêlent en moi, une certaine excitation à l’idée d’y être, bien sûr, mais aussi une forte appréhension face à l’inconnu, en effet, c’est la première fois que je me rends à ce genre de rassemblement où tant de représentants de cette pratique se réunissent.

Je dois avouer qu’à part les boutiques de sorcellerie et les salons de l’ésotérisme où il y a plus de curieux que de gens sérieux, je n’ai jamais fréquenté ce monde à part, non que je ne l’ai pas désiré, mais je n’en ai pas encore eu l’occasion, et à vrai dire, je ne savais même pas que ce genre de rassemblement pouvait exister !

Je me demande vraiment ce que ca va donner.

Sur le chemin, Norbert tient à me préparer aux choses que j’allais voir :

Norbert : « Tu verras, il y a des êtres qui ne nous ressemblent en rien, que ce soit au niveau physique ou psychique, car ce soir les portes de ce congrès ne s’ouvrent pas que sur notre monde, mais aussi sur d’autres dimensions d’où viennent d’autres sortes de pratiquants de notre art, mais il ne faut pas que tu sois effrayé, d’où qu’ils viennent, ils ne pratiquent que la magie blanche. »

Ces belles paroles ne me rassurent pas spécialement, je suppose que ce qui m’effraye le plus à l’idée d’aller à ce congrès, c’est l’appréhension face à ce que je vais découvrir, la peur de l’inconnu.

Caprice se tourne vers moi et continue la petite leçon commencée par son frère :

Caprice : « La réunion se déroule dans une grande salle dans laquelle tout un chacun est libre de s’exprimer ou de présenter ses talents. Certains nous font découvrir leurs dernières trouvailles, d’autres tiennent des échoppes bondées de produits aussi variés qu’étranges, d’autres encore préfèrent débattre de tel ou tel sujet, et enfin, il y a ceux qui sont là pour convaincre les visiteurs d’adopter un certain style de vie, ils sont appelés les syndicalistes de la sorcellerie. »

Surpris par sa dernière réflexion, je lui demande :

Téjat : « Même dans la magie il existe des syndicats ?! »

Caprice : « Oui, mais ce n’est pas pour autant qu’ils sont bienfaisants ; pour te donner une idée, certains adeptes de ces syndicats sont plus désireux d’utiliser leurs pouvoirs comme bon leur semble et où bon leur semble, sans se soucier de ce que les autres pourraient penser. »

Imaginant la scène, je poursuivis en disant :

Téjat : « Si tout le monde suit leur courant, ça risque d’être la panique en ville, le commun des mortels ne comprendrait pas ce qui se passe… »

Caprice termine cette conversation :

Caprice : Je ne te le fais pas dire, la tension serait tellement forte qu’on risquerait de se trouver à nouveau à l’époque à laquelle on brûlait les sorciers sur le bûcher. Il ne faut pas oublier les conséquences qu’a eu cette chasse aux sorciers, c’est une époque qui a connu malheureusement une forte régression, en effet, si tu fais bien attention, c’est pendant le moyen-âge que l’homme a le moins évolué. Mieux vaut rester comme nous sommes actuellement, présents, actifs et discrets. »

Quelques instants plus tard, nous quittons l’autoroute pour nous engager dans de petites routes de campagne ; le manque d’éclairage mis à part aux peu de carrefours que nous croisons nous baigne dans une ambiance tellement sombre que Norbert est obligé d’allumer ses grands phares et de diminuer un peu la vitesse.
Je suis vraiment impatient d’arriver à ce congrès, rien qu’à penser aux différentes techniques que je vais découvrir et, pourquoi pas, aux contacts avec d’autres praticiens que je vais pouvoir nouer, me voilà tout excité !

On a dû encore facilement rouler une demi-heure sur ces petites routes, ne me demandez surtout pas par quel chemin nous sommes passés, je suis incapable de m’en rappeler, il faut dire que mon impatience ne m’a pas permis d’être spécialement attentif à ce qui se passait autour de moi ! J’ai quand même remarqué combien ces routes sont calmes, je ne me souviens même pas qu’on aie croisé une autre voiture sur notre trajet.

Visiblement, mon excitation doit plutôt apparaître comme de l’angoisse car Caprice n’arrête pas de se retourner vers moi en me disant :

Caprice : « Ne t’inquiète pas, tout va bien se passer. »

Mon angoisse est bien moindre par rapport à la curiosité qui m’habite, mais il est vrai que je me sens quand même un peu anxieux en pensant à ce que je vais découvrir, un monde qui m’est totalement inconnu.

Apparemment, nous arrivons à destination, Norbert s’arrête devant un grand champ dans lequel bon nombre de voitures sont garées.

Pendant qu’il cherche une place, je regarde tout autour de moi où se trouvent les propriétaires de ces voitures mais je ne vois rien, ni être vivant, ni bâtiment ou chapiteau monté pour l’occasion, juste un escalier en bois qui se dresse au bord de la route, rempli d’enseignes publicitaires et ne menant à rien. Je trouve ça étrange mais bon, peut-être ne sommes nous pas encore arrivés à destination et qu’un bus va venir nous chercher. Attendons de voir…



(Prochain Episode le Mois Prochain)