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mercredi 6 mars 2013

Reportage : La crise alimentaire mondiale




La crise alimentaire mondiale débute en  2007 et a pour origine une forte hausse du prix des denrées alimentaires de base, plongeant dans un état de crise quelques-unes des régions les plus pauvres du monde et causant une instabilité politique et des émeutes dans plusieurs pays.

L'indice FAO des prix des produits alimentaires est passé de 139 à 219 entre février 2007 et février 2008, les plus fortes augmentations concernant les céréales (indice 152 à 281) et les produits laitiers (indice 176 à 278).

Parmi les hausses les plus significatives, on relève :
- Le prix du marché international du blé a quasi doublé entre février 2007 et février 2008 atteignant un record à plus de 10 dollars américains le boisseau US.
- Le prix du riz a atteint son niveau le plus élevé depuis dix ans.
- Dans certains pays, les prix du lait et du pain ont plus que doublé.
- Le soja atteint son prix le plus élevé depuis 34 ans en décembre 2007.
- Le prix du maïs a également augmenté de façon significative.

Selon Jacques Diouf, directeur général de la FAO, la facture des importations céréalières des pays les plus pauvres va augmenter de 56 % en 2008 après avoir augmenté de 37 % en 2007. Une hausse qui a « un impact dévastateur sur la sécurité de nombreux peuples et sur les droits de l’Homme ».

La plupart des analystes s'accordent à fixer le début des manifestations cette crise mondiale à 2007, mais ses racines et ses signes annonciateurs sont antérieurs.

Ainsi Josette Sheeran, directrice du Programme alimentaire mondial estime que ces signes étaient visibles dès 2005 ou 2006 : «  Je pense que tout a commencé il y a trois ou quatre ans, lorsque la consommation de certains produits agricoles de base a dépassé la production à l'échelle mondiale.

La sécheresse dans des pays comme l'Australie n'a rien arrangé (la production de céréale a été divisée par deux). Les stocks alimentaires ont commencé à baisser, et pas simplement dans les pays riches. Ça a été la même chose en Éthiopie par exemple. Est venue s'ajouter la hausse des cours du pétrole. À 80 dollars le baril de brut, il devenait intéressant, d'un point de vue économique, de fabriquer des carburants à partir de denrées agricoles ». La combinaison de deux facteurs a aggravé la crise.

La consommation croissante de viande et de laitages, en Chine notamment (sachant qu'un kg de poulet, la viande qui est la plus efficiente en termes de transformation des protéines végétales en protéines animales, nécessite 4 kg de protéines et céréales végétales)

La dégradation et le recul des sols arables: Dans les années 2005/2008, la Chine a perdu 1 million d'ha de terres arables par an, utilisés pour construire les logements qui accueillent les paysans de l'exode rural. L'équivalent d'une ville comme Paris est construite chaque mois en 2007-2008.

Le prix du porc a fortement augmenté suite à une zoonose, 100 000 t de porcs ont été importés par la Chine. La demande en porc augmente en Chine, ce qui implique de cultiver beaucoup de maïs (220 millions de tonnes de mais seront nécessaires en 2020, avec 45 000 t importées selon les prospectivistes), au détriment du soja qui fournissait les protéines traditionnellement consommées en Chine.

En 2008, des émeutes ont touché l'Argentine dont l'agriculture a été déstructurée par la surproduction de soja (25 % de ventes du pays) et sa taxation à l'exportation. La demande de soja pour les agro-carburants a aussi tendu le marché.

Le quasi quadruplement du prix du pétrole depuis 2003, de 30 $ à 146 $ le baril a augmenté considérablement le coût des fertilisants et des pesticides, qui en majorité, requièrent l'utilisation de pétrole ou plus souvent du gaz naturel (dont le prix est lié à celui du pétrole) pour leur fabrication. De plus le coût de production des matières agricoles inclut également les frais liés à l'utilisation des machines agricoles et à leur transport.

Un autre facteur systémique a été l'augmentation de la demande en raison d'un régime alimentaire plus riche dû à l'explosion des classes moyennes, en Inde et en Chine entre autres; qui est venu s'ajouter à la hausse de la population mondiale d'environ 1,2 % par an. La consommation de viande, en hausse, a provoqué un détournement des zones cultivées au profit de l'élevage, plus lucratif, et au détriment des cultures des aliments de base traditionnels. Pour avoir un ordre de grandeur, en 1990 les classes ou couches moyennes représentaient 9 % de la population en Inde et 8,6 % de la population chinoise, tandis qu'en 2008 elles atteindraient près de 30 % et 70 % de leur population respective. Les Chinois consomment ainsi cinq fois plus de viande en 2005 qu'en 1980 (il faut trois kilogramme de grains pour faire un kilogramme de volaille, le double pour un kilogramme de bœuf.

Alors que 75 % des pauvres habitent dans des zones rurales, l'agriculture ne recevait que 4 % des investissements publics et l'aide au développement27. En avril 2008, la Banque mondiale et le FMI annoncèrent conjointement une série de mesures visant à atténuer la crise, comprenant l'augmentation des prêts agricoles en Afrique et l'aide monétaire d'urgence aux zones durement touchées tel que Haïti.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé avoir besoin de 500 millions de dollars supplémentaires à son budget de 2,9 milliards pour financer ses projets en 2008 en raison de la hausse des prix.

Les puissances occidentales augmentent l'aide alimentaire d'urgence, le président des États-Unis Georges Walker Bush à ainsi débloqué, le 14 avril 2008, 200 millions de dollars d'un fonds d'affectation spéciale afin de pouvoir accroître l'aide alimentaire d'urgence de l'Agence des États-Unis pour le développement international et demandé 350 millions de dollars de crédits budgétaires supplémentaires au Congrès des États-Unis. Cependant, de façon générale, l'aide alimentaire a baissé avec la hausse des prix: 8,3 millions de tonnes de graines ont été expédiées au titre de l’aide alimentaire en 2005-06 ; 7,4 millions en 2006-2007 et environ 6 millions en 2007-2008.

De nouveau en 2010, une combinaison de circonstances naturelles (sécheresse en Russie, inondations en Australie) et d'un marché du pétrole de nouveau orienté à la hausse, ayant un effet sur le marché des biocarburants et par là-même sur les marchés des oléagineux, a conduit à de nouvelles hausses de prix de l'ensemble des produits agricoles. Il faut noter que l'utilisation de récoltes alimentaires pour la production de biocarburants a augmenté entretemps pour la plupart des commodités (soja, maïs, colza, canne à sucre).

A cause de cet effet de 2010, l’ONU prévoit une nouvelle crise alimentaire en cette année 2013.

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