Louis
Pasteur, né à Dole (Jura) le 27 décembre 1822 et mort à
Marnes-la-Coquette (à cette époque en Seine-et-Oise) le 28
septembre 1895, est un scientifique français, chimiste et physicien
de formation, pionnier de la microbiologie, qui, de son vivant même,
connut une grande notoriété pour avoir mis au point un vaccin
contre la rage.
Louis
Pasteur est né en 1822 dans la maison familiale de Dole, troisième
enfant de Jean-Joseph Pasteur et de Jeanne-Étienne Roqui. Il est
baptisé dans la Collégiale Notre-Dame de Dole le 15 janvier 1823.
Son père, après avoir été sergent dans l’armée napoléonienne,
reprit la profession familiale de tanneur. En 1827 la famille quitte
Dole pour Marnoz lieu de la maison familiale des Roqui, pour
finalement s'installer en 1830 à Arbois (Maison de Louis Pasteur à
Arbois), localité plus propice à l'activité de tannage. Le jeune
Pasteur suit à Arbois les cours d'enseignement mutuel puis entre au
collège de la ville. C'est à cette époque qu'il se fait connaître
pour ses talents de peintre ; il a d'ailleurs fait de nombreux
portraits de membres de sa famille et des habitants de la petite
ville.
Il
part au Lycée royal de Besançon. Puis, en octobre 1838, il y quitte
pour l'Institution Barbet à Paris afin de se préparer au
baccalauréat puis aux concours. Cependant, déprimé par cette
nouvelle vie, il abandonne cette idée, quitte Paris et termine son
année scolaire 1838-1839 au Collège d'Arbois. À la rentrée 1839,
il poursuit ses études au collège royal de Franche-Comté, à
Besançon. En 1840, il obtient le baccalauréat en lettres puis, en
1842, après un échec, le baccalauréat en sciences mathématiques.
Pasteur retourne de nouveau à Paris en novembre. Logé à la pension
Barbet où il fait aussi office de répétiteur, il suit les cours du
Lycée St Louis et assiste avec enthousiasme à ceux donnés à la
Sorbonne par Jean-Baptiste Dumas ; il a pu également prendre
quelques leçons avec Claude Pouillet. En 1843 il est finalement
admis - quatrième - à l'École normale. Plus tard il sera élève
de Jean-Baptiste Boussingault au Conservatoire national des arts et
métiers.
Il
se marie le 29 mai 1849 avec Marie Laurent, la fille du recteur de la
faculté de Strasbourg. Ensemble ils ont cinq enfants : Jeanne
(1850-1859), Jean Baptiste (1851-1908) sans descendance, Cécile
Marie Louise Marguerite -dite Cécile- (1853-1866), Marie-Louise
(1858-1934) mariée en 1879 avec René Vallery-Radot, et Camille
(1863-1865).
Marie
Anne Laurent, dont Émile Roux dit qu'« elle a été le meilleur
collaborateur de Louis Pasteur » écrit sous sa dictée, réalise
ses revues de presse et veille à son image puis à sa mémoire
jusqu'à son décès en 1910.
À
l'École normale, Pasteur étudie la chimie et la physique, ainsi que
la cristallographie. Il devient agrégé-préparateur de chimie, dans
le laboratoire d'Antoine-Jérôme Balard, et soutient en 1847 à la
faculté des sciences de Paris ses thèses pour le doctorat ès
sciences. Ses travaux sur la chiralité moléculaire lui vaudront la
médaille Rumford en 1856.
Il
est professeur à Dijon puis à Strasbourg de 1848 à 1853. Le 19
janvier 1849, il est nommé professeur suppléant à la faculté des
sciences de Strasbourg ; il occupe également la suppléance de la
chaire de chimie à l’école de pharmacie de cette même ville, du
4 juin 1849 au 17 janvier 1851. Marie Laurent, fille du recteur de
l'université, épousée en 1849, sera pour le reste de sa vie une
collaboratrice efficace et attentionnée, prenant des notes ou
rédigeant des lettres sous sa dictée.
En
1853 il devient chevalier de la légion d'honneur.
En
février 1854, pour avoir le temps de mener à bien des travaux qui
puissent lui valoir le titre de correspondant de l'Institut, il se
fait octroyer un congé rémunéré de trois mois à l'aide d'un
certificat médical de complaisance. Il fait prolonger le congé
jusqu'au 1er août, date du début des examens. « Je dis au Ministre
que j'irai faire les examens, afin de ne pas augmenter les embarras
du service. C'est aussi pour ne pas laisser à un autre une somme de
6 ou 700 francs. »
Il
est ensuite en 1854 nommé professeur de chimie et doyen de la
faculté des sciences de Lille nouvellement créée. C'est à cette
occasion qu'il prononce la phrase souvent citée : « Dans les champs
de l'observation, le hasard ne favorise que les esprits préparés13
». Pasteur, qui s'intéressait à la fermentation depuis 1849 (voir
plus loin), est stimulé dans ces travaux par les demandes des
brasseurs lillois concernant la conservation de la bière14. Après
Frédéric Kuhlmann et Charles Delezenne, Pasteur est ainsi un des
premiers en France à établir des relations fructueuses entre
l'enseignement supérieur et l'industrie chimique. Les travaux qu'il
réalise à Lille entre 1854 et 1857 conduisent à la présentation
de son Mémoire sur la fermentation appelée lactique15 dans le cadre
de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille
le 8 août 1857.
En
1857, il est nommé administrateur chargé de la direction des études
à l'École normale supérieure.
De
1861 à 1862, Pasteur publie ses travaux réfutant la théorie de la
génération spontanée. L'Académie des sciences lui décerne le
prix Jecker pour ses recherches sur les fermentations.
En
1862, il est élu à l'Académie des sciences,dans la section de
minéralogie, en remplacement de Henri Hureau de Senarmont.
Il
étudie sur les maladies du vin, à savoir la pasteurisation, en
1863, sur la fabrication du vinaigre.
En
octobre 1865, le Baron Haussman, instituant une commission chargée
d'étudier l'étiologie du choléra et les moyens d'y remédier, y
nomme Pasteur, avec Dumas ( président), Claude Bernard (malade, il
n'y prendra part que de loin), Sainte-Claire Deville et Pelouze. Les
savants, qui cherchent le principe de la contagion dans l'air (alors
que Snow, dans un travail publié en 1855, avait montré qu'il était
dans l'eau), ne trouvent pas18 le microbe, que Pacini avait pourtant
fait connaître en 1854.
À
l'École normale supérieure, Pasteur est jugé autoritaire aussi
bien par ses collègues que par les élèves et se heurte à de
nombreuses contestations, ce qui le pousse à démissionner, en 1867,
de ses fonctions d'administrateur. Il reçoit une chaire en Sorbonne
et on crée, à l'École normale même, un laboratoire de chimie
physiologique dont la direction lui est confiée.
Ses
études sur les maladies des vers à soie, menées de 1865 à 1869 à
la demande de Napoleon III, triomphent de la pébrine mais non de la
flacherie et ne permettent pas vraiment d'endiguer le déclin de la
sériciculture. Pendant ces études, il demeure à Pont-Gisquet près
d'Alès. Durant cette période, une attaque cérébrale le rend
hémiplégique. Il se remet, mais gardera toujours des séquelles :
perte de l'usage de la main gauche et difficulté à se déplacer. En
1868 il devient commandeur de la légion d'honneur.
La
défaite de 1870 et la chute de Napoléon III sont un coup terrible
pour Pasteur, grand patriote et très attaché à la dynastie
impériale. Par ailleurs, il est malade. L'Assemblée nationale lui
vote une récompense pour le remercier de ses travaux dont les
conséquences économiques sont considérables.
En
1873, il est élu membre de l'Académie de médecine.
En
1874, ses recherches sur la fermentation lui valent la médaille
Copley, décernée par la Royal Society, de Londres.
En
1876, Pasteur se présente aux élections sénatoriales, mais c'est
un échec. Ses amis croient qu'il va enfin s'arrêter et jouir de sa
retraite, mais il reprend ses recherches. Il gagne Clermont-Ferrand
où il étudie les maladies de la bière24 avec son ancien
préparateur Émile Duclaux, et conclut ses études sur la
fermentation par la publication d'un livre : Les Études sur la bière
(1876).
En
1878 il devient grand-officier de la légion d'honneur.
En
1881, l'équipe de Pasteur met au point un vaccin contre le charbon
des moutons, à la suite des études commencées en 1877.
En
1882, il est reçu à l'Académie française. Dans son discours de
réception, il accepte pour la science expérimentale l'épithète «
positiviste », en ce sens qu'elle a pour domaine les causes secondes
et s'abstient donc de spéculer sur les causes premières et sur
l'essence des choses, mais il reproche à Auguste Comte et à Littré
d'avoir voulu imposer cette abstention à toute la pensée humaine.
Il plaide pour le spiritualisme et célèbre « les deux saintetés
de l'Homme-Dieu », qu'il voit réunies dans le couple que
l'agnostique Littré formait avec sa femme chrétienne. C'est dans ce
discours que Pasteur prononce la phrase souvent citée : « Les Grecs
(...) nous ont légué un des plus beaux mots de notre langue, le mot
enthousiasme (...) — un dieu intérieur. »
Il
reçoit, le 29 décembre 1883, le mérite agricole pour ses travaux
sur les vins et la fermentation. Il se rend régulièrement aux
réunions du Cercle Saint-Simon.
En
1885, Pasteur refusa de poser sa candidature aux élections
législatives, alors que les paysans de la Beauce, dont il avait
sauvé les troupeaux grâce au vaccin contre le charbon, l'auraient
sans doute porté à la Chambre des Députés.
La
découverte du vaccin antirabique (1885) vaudra à Pasteur sa
consécration dans le monde : il recevra de nombreuses distinctions.
L'Académie des sciences propose la création d'un établissement
destiné à traiter la rage : l'Institut Pasteur naît en 1888. En
1892, la troisième république lui organise un jubilé triomphal
pour son 70e anniversaire27. À cette occasion, une médaille gravée
par Oscar Roty lui est offerte par souscription nationale .
Il
meurt le 28 septembre 1895 à Villeneuve-l'Étang, dans l'annexe
(dite de Garches29) de l'Institut Pasteur. Après des obsèques
nationales, le 5 octobre, son corps, préalablement embaumé, fut
déposé dans l’un des caveaux de Notre-Dame, puis transféré le
27 décembre 1896, à la demande de sa famille, dans une crypte de
l'Institut Pasteur.