Chez le bébé
Des tableaux de dépression graves, pouvant mettre en jeu le pronostic vital, ont été décrits depuis les années 1950 chez les bébés, notamment après de brutales pertes parentales.
René Spitz a ainsi défini l'hospitalisme, état survenant lors d'une séparation brutale avec les parents, passant par une phase de pleurnichements, puis une phase de protestation, glapissement, perte rapide de poids, arrêt du développement ; puis une troisième phase de désinvestissement du monde qui l'entoure et de retrait conduisant à ce que Spitz a nommé la dépression anaclitique.
Ce tableau clinique peut régresser si des mesures adéquates sont prises rapidement.
S'il se prolonge, il peut être à l'origine de troubles intellectuels, des apprentissages, de difficultés psychologiques, avec une plus grande vulnérabilité aux séparations, réalisant des tableaux carentiels dont le risque évolutif est lourd.
Ce type de diagnostic doit être posé avec précaution. En particulier le diagnostic différentiel avec les troubles apparentés à l'autisme doit être évoqué.
Enfance
La dépression peut se manifester chez les enfants subissant un ou plusieurs troubles dans leur vie.
Bien qu'il soit commun chez les enfants et adolescents de se sentir parfois tristes, un groupuscule de jeunes fait l'expérience d'un phénomène symptomatique de dépression.
De si jeunes individus, souvent perçus comme cliniquement dépressifs, se sentent tristes, sans espoir, ou irrités durant des mois, voire des années. Ils peuvent perdre goût à leurs activités habituelles (ex. jouer avec d'autres copains), leurs habitudes alimentaires et leur sommeil (ex. ils peuvent dormir plus ou moins que d'habitude) et ils peuvent souffrir de trouble de l'attention, même lors de programmes télévisés ou durant une partie de jeux vidéo.
Les enfants dépressifs sont souvent exposés à une humeur plus irritable que dépressive et exposent une variante de symptômes selon leur âge et leur situation.
Bon nombre d'entre eux perdent leur attention durant leur scolarité et montrent des résultats scolaires en déclin.
Cette dépression peut également coexister avec le trouble du déficit de l'attention (TDA), compliquant le diagnostic et le traitement de ces deux psychopathologies.
Lors de cas particuliers, les jeunes individus cliniquement dépressifs pensent ou parlent beaucoup de la mort et certains enfants dépressifs pensent spécifiquement à se blesser ou à se tuer.
Souvent, les enfants et adolescents peuvent avoir des symptômes similaires lorsqu'ils perdent un proche. Dans la dépression clinique, cependant, ces pensées et sentiments tentent à apparaître même lorsque l'enfant ne perçoit aucun événement triste.
Adolescence
La dépression à l'adolescence se manifeste, à l'instar de celle de l'enfant, très différemment de celle de l'adulte.
La puberté a apporté son lot de changements physiques que l'adolescence intégrera ou pas, ou plus ou moins sur le plan psychologique. Une attention se porte aux risques de passages à l'acte suicidaire.
Plus que jamais, le clinicien doit éviter de se fier aux apparences, une attitude arrogante peut par exemple cacher un profond mépris de soi et de ses capacités, notamment au niveau scolaire.
Des conduites addictives de toutes sortes, des troubles des conduites alimentaires, des fugues, de la violence verbale et/ou physique, etc. peuvent être des tentatives défensives pour lutter contre la dépression ou la mélancolie.
Sur le plan comportemental, les troubles sont ainsi énumérés, conformément aux classifications DSM et CIM : un trouble de l'humeur avec sentiment d'ennui, irritabilité (concernant tout l'entourage), voire hostilité et opposition, impulsivité, agressivité. Il est parfois question de dépression hostile. Le dialogue devient vite impossible, remplacé par les pleurs.
Une tendance à l'inhibition, une anhédonie, avec désinvestissement des loisirs et des relations qui étaient investis jusque là sont également observé ; des troubles somatiques : céphalées, insomnie, hypersomnie ou clinophilie, anorexie ou au contraire augmentation de l'appétit, parfois avec des crises de boulimie ; des troubles anxieux fréquemment associés : phobie sociale, attaque de panique, trouble obsessionnel compulsif, des troubles intellectuels : incapacité à penser (l'individu voit les choses mais ne ressent aucun élément positif ou négatif, n'a aucun avis...).
Une thérapie familiale et systémique ou psychanalytique est parfois indiquée, elle permet notamment à l'adolescent de ne pas se sentir seul en cause.
Il est parfois difficile de faire la différence entre une dépression et un simple moment évolutif de l'adolescence, et le recours à des spécialistes est préconisé.
C'est d'autant plus difficile que l'adolescent tend à banaliser sa situation, soit par honte soit par sentiment de désespoir (personne ne le comprendra), soit parce qu'il ne perçoit pas ou mal son sentiment et son vécu intérieurs.
C'est la clinique menée par le psychopathologue qui permet de différencier une dépression de l'autre et de mesurer sa gravité.
Les tenants des TCC préfèrent utiliser des test randomisés comme le Beck qui permet de rechercher alors ce qui est désigné comme une triade.
Aux questions suivantes, le sujet répond généralement ainsi : « Que veux-tu faire ? », « Rien, je ne suis bon à rien ! », « Tu regardes un peu les informations à la télévision ? », « Non c’est nul ! » ; « Tu sais ce que tu veux faire plus tard ? », « Non… ! » ; « Qu'en penses-tu ? », « Rien, je ne sais pas ». Ces trois réponses souligneraient que pour cet adolescent, tout est nul, sans valeur : lui, le monde, et surtout l'avenir.
Un dialogue attentif et mené avec tact par le clinicien peut permettre à l'adolescent de comprendre ce qui lui arrive et de le surmonter.
Ceci peut se faire dans le cadre du cabinet de son médecin (mais il ne faut pas oublier que cet âge est difficile pour le pédiatre qui a de la peine à ne pas voir en l'adolescent qu'il a en face de lui, l'enfant qu'il connaissait mais qui a changé).
C'est donc aussi une période où il peut être utile pour l'adolescent de changer de médecin, ceci en dehors du fait qu'une démarche psychothérapeutique soit entreprise ou non.
Dans la mesure où l'adolescent peut y adhérer suffisamment, une psychothérapie, psychanalytique ou pas, peut y être intégrée.
Parfois, dans des cas graves, une hospitalisation psychiatrique peut être nécessaire et salutaire. Il ne faut pas non plus oublier qu'une « crise d'adolescence » sous-tendue par une dépression peut aussi inaugurer des changements positifs et une réorganisation psychique plus intégrée.
La clinique de l'adolescent oscille toujours entre le risque de dramatiser et celui de banaliser, c'est sa difficulté et son intérêt.
Âge adulte
Les signes plus spécifiquement retrouvés chez l'adulte peuvent être des troubles de la sexualité, une baisse de la libido, une impuissance sexuelle.
Chez la future ou la nouvelle mère, les signes en rapport avec une dépression périnatale peuvent être observés.
Il est estimé que seulement 10 % des hommes souffrant d'une carence en testostérone sont diagnostiqués et traités ; cette condition toucherait jusqu'à 10 % des hommes âgés entre 40 et 70 ans et un plus large pourcentage chez ceux qui souffrent d'obésité ou de diabète.
Le manque de testostérone est fréquemment diagnostiqué comme une dépression ou une conséquence normale du vieillissement.
Un examen de la dépression chez les femmes indique que les facteurs d'exposition — tels qu'une perte de grossesse maternelle, un manque de confidentialité dans leur couple, une responsabilité prématurée à la maison et le chômage — peuvent interagir avec leurs habitudes et ainsi engendrer un risque de dépression.
Personnes âgées
En Europe, la prévalence de la dépression est comprise entre 9 % et 24 % de la population âgée selon les pays.
Par sa fréquence et ses conséquence, la dépression est une pathologie lourde qui constitue une cause majeure de souffrance chez les personnes âgées, avec le risque si elle est non traitée qu’elle devienne chronique.
Malheureusement, la dépression de la personne âgée est encore souvent banalisée, comme inhérente au vieillissement, ou traitée de façon insuffisante.
Les causes de la dépression de la personne âgée sont multiples, mais parmi les personnes déprimées à l'âge avancé, nombreuses sont celles qui ont déjà connu un épisode de dépression lorsqu’elles étaient plus jeunes.
Au plan clinique, cette maladie est composée de troubles de la cognition(pensées négatives, troubles de concentration, pertes de mémoire), émotionnels (tristesse, irritabilité, apathie) et comportementaux (plaintes somatiques, repli sur soi, asthénie, anhédonie, ralentissement psychomoteur).
La dépression coexiste souvent avec des troubles physiques communs parmi les personnes âgées incluant accident vasculaire cérébral, autre maladies cardiovasculaires, maladie de Parkinson et broncho-pneumopathie chronique obstructive.
Pour les jeunes seniors, les facteurs sont souvent les problèmes de santé, des changements dans la structure du couple, la mort d'un membre proche ou un changement dans la disponibilité ou la qualité de la vie sociale qui peuvent engendrer des épisodes dépressifs aigus ou chroniques.
Les maladies chroniques (diabètes, obésité, cachexie, arthrite, ostéoporose, maladies coronariennes, etc.), plus fréquentes avec l'âge, sont associées à des processus inflammatoires qui affectent la régulation de l'humeur, indépendamment de la perception subjective que la personne a de sa condition.
Tout au long de la semaine, retrouvez la suite de ce dossier sur la dépression :
- La Dépression autour du Monde
- Dépression, traitements et préventions
- Traiter la Dépression par l’harmonisation des énergies
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